mardi 24 février 2009

83eme jour

Le moral n’est pas bon du tout malgré l’arrivée de nouvelles « recrues » et d’autres choses dont on vous parlera plus tard. On avait régulièrement des nouvelles d’Elise, ses parents et la famille de mon cousin Jérémy qui étaient restés à Saint Germain La Poterie selon leur choix. Ils arrivaient à survivre grâce à l’expérience de Georges et Jean-François. Elise et Jérémy avaient l’habitude de s’envoyer des mails et on se contactait au moins trois fois par jour par la CB.
Ce midi on n’avait toujours pas de nouvelles d’eux. On a d’abord pensé à leur groupe électrogène tombé en rade mais Jérémy s’est vite inquiété. Pour lui on devait se bouger le cul pour aller les secourir et les amener aux HLM (c’était le plan de base depuis un moment déjà, on aménageait les lieux pour leur future arrivée). Stéphane était contre, il pensait que c’était trop tard et que de toute façon on devait s’occuper de nous en priorité. D’habitude quand Stéphane dit des conneries pareilles et qu’on s’énerve c’est Jérémy qui calme le jeu. Pour le coup, c’est le poing droit de mon cousin qui a clos la discussion. Le fait est qu’à Beauvais c’est vraiment la merde. Il y a de plus en plus de saloperies rapides, et la dernière sortie qu’on y a fait nous a bien refroidi (Mathieu en parlera plus tard).
Bref on s’est quand même bougés le cul en début d’après midi avec Jérémy, Mathieu, Tos et moi. On a pu tester notre nouveau moyen de locomotion, le camion de la Brink’s qu’on a volé la semaine dernière et on a contourné une grande partie de Beauvais. On est passés dans la rue de la maison de notre pote Cédric. J’aurais voulu m’y arrêter mais on avait malheureusement autre chose à faire… Et puis ça va faire trois mois que c’est arrivé… Bref on est arrivés à Saint Germain La Poterie et on a vite compris pourquoi on n’avait plus de nouvelle. Les zombis infestaient le chemin qui mène à la maison, on leur est passés dessus assez facilement, les essuie-glaces ont été pratiques. Le portail était défoncé, on voyait ces saloperies qui erraient sur le terrain et dans la maison. Jérémy a commencé à ouvrir la porte du camion, je l’ai retenu juste à temps. Il y en avait peut être une cinquantaine, on se serait crus à la maison de mes parents quand on avait été obligés de se barrer. Il était évident qu’il n’y avait personne. Jérémy s’est mis à gueuler pour savoir s’il y avait quelqu’un mais personne n’a répondu… On a fait plusieurs tours de la maison en faisant un vrai carnage, mais on ne pouvait pas y entrer… trop de ces merdes… dans le terrain il y avait le père de mon cousin zombifié… La voiture était encore là, ça voulait dire qui s’il y avait des survivants ils se seraient enfuis à pieds… On a donc décidé de chercher aux alentours, mais rien… Jérémy ne voulait pas partir, on a essayé de lui faire comprendre qu’on ne pouvait pas faire plus… je ne peux pas décrire l’horreur de la situation… ça me ramène au début de toute cette putain d’histoire… la perte des êtres chers… notre impuissance face à tout ça… et ce putain de silence sur le retour, parce que oui, il fallait rentrer chez nous.
Sur le chemin on est repassé dans la rue de Cédric. J’espérais voir un signe de vie de mon pote et j’ai halluciné quand j’ai aperçu de la fumée sortir de sa cheminée. J’ai demandé à Mathieu d’arrêter le camion. C’est un Cédric très amaigri mais très heureux qui nous a accueillis chez lui. Il a survécu avec sa copine Carine en pillant ses voisins. Cédric a l’avantage d’avoir une maison en retrait sans fenêtre coté rue et l’arrière de celle-ci donnait accès au toit. On les a embarqués dans le camion et ramenés aux HLM. Tout ça s’est passé cet après midi et on ne sait toujours pas s’ils ont survécu… cet après midi a été dur pour Jérémy… perdre sa famille, la femme qu’il aime... j’espère qu’il va tenir le coup. En tous cas Stéphane s’est excusé auprès de mon cousin…ça lui rappelle sûrement ce qu’il a ressenti quand Marie-Pierre, sa nana, est morte.
Je suis retombé sur des photos de nos tours de garde à la maison de mes parents, elles doivent avoir deux mois. On y voit deux zombis qu’on avait laissés entrer dans la cour pour s’amuser.








Nicolas B.

Aucun commentaire: